Avant le 17 décembre 1888, le chef-lieu de commune n’était pas Longueville, mais Lourps, dont il semble être fait mention pour la première fois en 1218, dans le cartulaire de Notre-Dame du Val de Provins. La première mention écrite de Longueville semble quant à elle remonter à 1250.
Les premiers peuplements
Toutefois, l’occupation du site est beaucoup plus ancienne. En effet, des vestiges du paléolithique supérieur (environ – 17 000), nucleus prismatiques, lames, burins… et du néolithique moyen (environ – 4 600), haches taillées et polies, grattoirs et perçoirs, plusieurs fragments de céramique… ont été retrouvés au sud de la commune, en rive droite de la Voulzie, au lieu-dit le Marais tourbeux. A l’ouest de Longueville, au lieu-dit Monneron, ce sont des éléments de l’Âge du Bronze final (environ – 900) qui ont été mis à jour en 1944 : connu sous le nom de « cachette de fondeur de Longueville », ce trésor archéologique regroupait, dans un vase en terre ayant servi de creuset, différents outils, armes et bijoux de bronze (faucilles, haches, épée, poignard, couteaux, épingles, anneaux…) aujourd’hui conservés au Musée d’Archéologie Nationale de Saint-Germain-en-Laye. Aucun vestige de l’époque romaine ou du Haut Moyen-Âge n’atteste d’une continuité de peuplement.
Du Moyen-Âge à l’Ancien Régime
A l’époque féodale, Longueville, ou plutôt Lourps, appartient au Comté de Champagne et dépend de la châtellenie de Provins. L’établissement du château de Lourps, qui, d’un point de vue juridique et administratif, n’est en fait qu’une « maison forte » coïncide vraisemblablement avec l’accroissement de la population noble ayant nécessité la création de nombreux fiefs terriens à partir de 1150 (ce qui expliquerait sa première mention en 1218). Dominant la vallée de la Voulzie, il se trouve à mi-parcours de la route de Bray à Provins par la rive droite.
Les premiers seigneurs mentionnés en 1218 sont Simon et Thibault de Lourps, et les terres resteront dans leur famille jusqu’à la guerre de Cent Ans (1337-1453), où l’on perd trace de leur descendance.
Ainsi, en 1479, Lourps devient propriété de Jean Legoux, secrétaire de Louis XI, duquel il le tenait probablement. Lourps restera la propriété de la famille jusqu’en 1610 et au mariage de Claude Legoux avec Robert II de Champagne. Par ailleurs seigneur de Longueville, celui-ci fait, en 1634, l’acquisition des Murs – fief relevant déjà de la paroisse de Lourps (paroisse relevant de l’archevêché de Sens. Dès lors, Lourps, Longueville et les Murs se trouvent associés.
Entre la fin du XVIIe et le début du XVIIIe siècle, Jean de Champagne dut vendre ses biens et, en 1704, Longueville avait pour seigneur Jacques Sallé, avant de passer, en 1759, aux mains de Jean Rousseau, entrepreneur de ponts-et-chaussées. Enfin, en 1763, ces terres furent vendues au Marquis de Fera de Saint-Phalle, dont la famille conserva le château de Lourps après la Révolution. Un descendant l’habitait encore vers 1850.
L’époque contemporaine
A partir des années 1850, alors que Longueville était jusqu’à alors entièrement tournée vers l’agriculture, l’industrie profite de la proximité de la ligne de chemin de fer Paris-Bâle pour s’y développer. Les usines se développent à proximité de la gare (construite en 1856), de part et d’autre de la Voulzie. La plus importante sera l’usine Degond, elle produit des tubes en cuivre sans soudure et emploiera jusqu’à 600 personnes avant de fermer en 2003. D’autres établissements sont également à signaler comme l’usine des Planches (Gauthier-Troussel), la Société des Lunetiers ou l’usine des eaux de la Ville de Paris. Ainsi, le village se développe, et sa croissance démographique est la plus importante de tout le Provinois jusqu’en 1936.
A titre d’illustration, la population de LONGUEVILLE était de 270 habitants en 1856 (année de construction de la gare) et de 1 054 en 1936.
Les années 1950 marquent le début du déclin de l’activité industrielle, dont il ne reste aujourd’hui presque que des friches.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, LONGUEVILLE fut la cible de nombreux bombardements, notamment en raison de la présence du dépôt de machines SNCF. Les tirs, imprécis, ont également touché de nombreuses habitations. Le dernier bombardement eut lieu le 14 juillet 1944.
Longueville, la cité des cheminots, était, pendant la seconde guerre, une cible de choix, et ce, notamment à cause du dépôt de machines de la S.N.C.F. qui fut le théâtre de nombreux bombardements. Hélas, les tirs n’étaient pas toujours précis et de nombreuses maisons de la commune furent touchées. Le dernier bombardement eut lieu le 14 juillet 1944, une bombe perfora une arche du viaduc (face à la salle des fêtes).
Les Longuevillois ont payé cher de leur personne pour connaître la liberté que nous apprécions aujourd’hui: * 33 prisonniers * 19 déportés du travail, et de nombreux résistants qui dans la clandestinité ont eux aussi servi la France.
Le 31 juillet 1944, un message de Londres prévient les Provinois de l’imminence d’un bombardement à Longueville par des forteresses volantes, et leur demande d’envisager les moyens pour pallier aux effets de ce bombardement. Après s’être consultés, les résistants prévoient de faire sauter un train Allemand sous le tunnel de St Loup (loin de toute habitation). L’arrivée de contre ordres modifie les plans, et en dernier lieu, il est décidé de faire sauter un tablier provisoire placé sur le viaduc par les Allemands. La date de l’opération est fixée au 2 août et 6 résistants de la région préparent les charges de plastique nécessaire. Les explosifs sont mis en place, mais l’arrivée d’un train imprévu donne des sueurs froides aux plastiqueurs car en passant sur le viaduc, le mécanicien en ravivant le foyer de sa machine fait jaillir une gerbe d’étincelles sur la voie, risquant d’enflammer les mèches des charges explosives. Cette émotion passée, un autre train de voyageurs venant de Paris s’arrête au feu qui n’est pas vert, nouvelle angoisse, l’explosion doit avoir lieu dans quelques minutes, le feu passe au vert, le train repart et au moment ou il arrive en gare de Longueville, une énorme explosion déchire la nuit, faisant sauter le tablier du viaduc. Cinq jours plus tard, les Allemands ont réparé, les essais sont faits et la voie va être remise en service. C’est sans compter sur la persévérance des résistants qui, malgré une surveillance accrue font aussitôt ressauter le tablier.Il faudra attendre la libération pour que le trafic reprenne.
Les chefs du réseau informent Londres des opérations menées par 8 hommes qui ont épargné, grâce à leur courage, la vie de nombreux Longuevillois. Il s’agit de : Mignot, Budor, Vibaud, Charlu, Mignot Paul, Didier, Brunot et Roussard.
Une semaine plus tard, alors que la déroute des Allemands se développe vers l’est, via Jutigny, les Praillons, Soisy-Bouy, 2 résistants prévoient un sabotage au pont des méances, et l’opération à lieu le 20 août à 17 heures. Un incident dû au matériel modifie l’heure de l’explosion, et seul, des soldats Allemands garés dans un camion tout près se jettent à terre sous les yeux surpris d’un cheminot qui se trouve sur la voie et qui détale à toutes jambes vers la gare, accompagné par les tirs des soldats Allemands.
La libération de Longueville à eu lieu le 27 août 1944.